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La pensée est-elle limitée par la langue ?

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La pensée est égale à la langue. C'est à dire plus formellement, qu'aucun mot ne peut manquer d'idée, et qu'aucune idée ne peut manquer de mot. Ce qui n'est pas un mot ne peut pas être pensé (voir par exemple: supin[1]).

Mais maintenant qu'on a dit ça, qu'a-t-on fait ? On a utilisé un mot, pour définir la pensée. Or on pourrait tout aussi bien “penser” que la pensée se génère d'une activité neuronale préexistante à la pensée formulée, consciente, et communiquée. Et on pourrait le prouver, au moyen d'investigations non-invasives à l'intérieur des structures cérébrales lorsqu'elles fonctionnent … et on aurait tout autant raison.

  • Alors, quoi, peut-on soutenir une chose et son contraire ? Que la pensée est à la fois issue des mots, et à la fois qu'elle ne l'est pas ? Je crois que oui, on le peut, parce que la question dont il s'agit ici est exprimée elle-même avec des mots. Or qu'est-ce qu'un mot ? C'est un miroir d'activité neuronale.

Donc, quand on répond à une question, en même temps que l'on répond, on donne un sens aux mots de la question. Et c'est ainsi que la pensée se construit, de proche en proche, par structuration de l'édifice de nos connaissances “prouvées", c'est à dire de nos connaissances “reliées” entre elles par des liens logiques.

Or en Mathématiques, on dit d'une théorie qu'elle est cohérente quand elle ne contient pas de contradiction interne, et bien l'édifice de nos connaissances se construit selon exactement le même principe : nous ne voulons pas pouvoir penser “A” et “non A” simultanément, sinon nous nous doutons que nous avons fait une erreur quelque part.

  • La façon de prouver que “A” et “non A” ne peuvent pas exister simultanément “dans la réalité" suppose un nombre d'hypothèses, qu'on ne va pas détailer ici. Mais leur analyse présente un grand intérêt, qui renseigne sur la véritable nature de la réalité…

Donc cette réponse est juste, si elle définit le mot “pensée” … et donc elle est juste parce qu'elle définit le mot “pensée” : est pensé ce qui est formulé dans le langage. Et ainsi, la question devient la réponse. Également, la pensée est effectivement limitée car selon cette définition, il est impossible de penser quelque chose qui ne soit pas un mot.

Or, selon ce qui précède, comment penser quoique ce soit de nouveau ? En effet, puisque le langage est déjà définit, comment pourrait-il contenir une quelconque nouvelle idée ? On voit bien qu'il ne le pourrait pas.

Or, dans la vie, comment pourrait-on acquérir de nouvelles idées s'il était impossible de penser sans mot ? Ça ne fonctionnerait pas, et ainsi il serait impossible d'acquérir même une seule nouvelle idée, et ainsi il serait impossible d'en avoir jamais acquis aucune. On voit donc bien que cette façon de voir ne fonctionne pas pour décrire la réalité.

Il faut donc que la pensée “faite de mots” puisse être préalablement exprimée d'une autre façon, sans mots. Et voilà comment nous pouvons définir et prouver “l'inconscient” scientifiquement : est inconscient ce qui préexiste à la pensée consciente, c'est à dire à la pensée formée de mots, et cette préexistance est nécessaire.

Et donc si la pensée consciente est effectivement limitée par la langue, le phénomène préexistant à cette pensée consciente, ne l'est pas.

Appelons ce phénomène “l'inconscient” et évitons d'employer le mot de “pensée” pour le qualifier, et la question est totalement résolue. Résolue en définissant les mots de la façon qui nous arrange, mais tout de même.

Le faire est inévitable, puisqu'une question est forcément constituée de mots lorsqu'elle est communiquée…

Notes de bas de page

[1] Supin — Wikipédia

Question?

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