Oui on peut supposer que la corrélation entre la consommation de viande de porc et le parasitisme qui en résulte est un phénomène qui avait depuis longtemps été observé à l'époque de l'écriture de ces livres, on peut donc supposer que c'était plus facile ainsi, pour former la population, d'ajouter au texte “sain” des bribes de réflexes sanitaires.

Mais dire que les porcs mangent “de la saleté” ne fait aucun sens. Est-ce qu'un bousier qui mange de la bouse mange de la saleté ? Non ! Il mange ce qui est bon pour lui.

De la même façon, le porc mange ce qui est bon pour lui, l'humain mange ce qui est bon pour lui, et si les porcs se font parasiter par leur alimentation c'est pas de chance pour eux.

Mais une question plus intéressante est : pourquoi le porc donne ses parasites à l'homme ? Pourquoi le porc donne sa grippe à l'homme ? (et c'est le seul animal qui le fait) Pourquoi si on veut greffer un organe à un humain doit-on le faire en partant d'un homme ou d'un porc ? La réponse honnête à cette question mériterait de réanalyser notre point de vue par rapport à ces textes “sains”…

En effet, il est facile de supposer que l'immense compatibilité génétique entre porc et humain ne vient pas du hasard, mais bien de ce qu'en biologie on appelle un “brassage génétique” avec l'humain. Les humains ont 46 chromosomes, les sangliers 36 et les porcs 38. Un croisement sanglier-porc donne par exemple naissance à un “cochonglier”, qui a 37 chromosomes.

Nous savons que les porcs viennent d'une région située en actuelle Turquie et nous savons l'époque, mais de là à dire ce qui s'est réellement passé, c’est une autre affaire. L'analyse de l'ADN pourra peut-être permettre de trancher la question (dans certains pays, l'utilisation d'animaux domestiques en tant que sextoys est tout à fait une pratique envisageable, y compris de nos jours[1]).

Le croisement entre espèces très différentes fonctionne rarement, et quand il fonctionne il donne naissance à ce qu'on appelle une “chimère”, qui généralement ne peut pas se reproduire. Mais quand elle le peut, elle se recroisera avec un autre membre de l'une des espèces qui la compose, car étant unique elle-même elle ne pourra pas trouver d'organisme lui correspondant. Le chimérisme résultant sera donc naturellement dilué, diminué, mais la lignée sera bien créée par un organisme unique et très original.

Notes de bas de page

[1] Maroc : 15 jeunes auraient attrapé la rage après avoir violé une ânesse